un lundi comme tous les autres, sauf que... (clara)

Lundi matin. Comme à l'habitude, j'arrive à l'université une heure avant mon premier cours d'anglais. Mon petit rituel consiste en boire mon premier café de la journée et corriger les copies de rédaction de mes étudiants. J'entre dans la salle des enseignants et mon regard se pose automatiquement sur elle, la nouvelle venue du corps enseignant. Elle s'appelle Clara Sullivan. Je le sais car je ne peux m'empêcher de tendre l'oreille à chaque fois qu'un collègue la mentionne. Cette femme, je ne la connais pas, mais une chose est sûre: elle ne me laisse pas indifférent. J'ignore la raison de mon intérêt fulgurant envers elle, mais je ne peux le nier. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé. Alors essaie plus fort, me dit une voix dans ma tête, celle de la raison. Mais c'est plus fort que moi, je n'ai jamais ressenti ça auparavant. Une partie de moi, la plus grande, souhaite éviter tout contact avec elle afin d'éviter les complications. Et l'autre, moins raisonnable, ne rêve que d'une chose: apprendre à la connaître à mes risques et périls. Bon, je décide finalement d'oser. La salle est presque vide, ce serait impoli de l'ignorer. Évidemment, ce n'est qu'une excuse bidon puisque je sais avec certitude que je meurs d'envie de l'aborder depuis que mon regard s'est posé sur elle la toute première fois. Allez, après tout, c'est la seule façon de redescendre sur terre et de réaliser qu'elle n'a rien de si exceptionnel, n'est-ce pas ? En tentant de me convaincre, je m'approche tout doucement et lui adresse un sourire.
"Je suis Edward Calhoun. Je présume que tu es Clara. J'espère que je ne te dérange pas ce matin."

La jeune Sullivan était déjà dans la salle des professeurs, un café brulant, laissant échappé de la fumée devant elle. C'était une des professeurs qui arrivait souvent la première.Des copie sur la droite et un petit carnet sur la gauche, dans ce carnet, elle marquait les phrases important des copies, mais aussi les notes des élevés . Il ne lui restait pas beaucoup de copie à corriger, elle avait fait cela la nuit dernière. Impossible pour elle de dormir, elle avait décidé de lire des copies. Certaines étaient des petites merveilles que le monde entier pouvait lire et d'autres, étaient plus catastrophique et pourtant, la jeune professeur, mettait toujours un mot gentil pour encourager. Trop longtemps la jeune femme avait eu des professeurs qui aimaient se moquer d'elle et de sa façon d'écrire. Dans ses pensées la jeune femme sursauta légerment à la voix de son collègue. Elle rigola, se sentant con d'avoir sursauté. Elle espérait que cela fut assez discret pour qu'il ne le remarque pas " Pas du tout, j'ai presque terminé de corriger mes copies !" Dit-elle avec un grand sourire "Veux tu un café ? Il en reste je crois, sinon je peux en refaire". Elle porta sa tasse à ses lèvres soufflant délicatement dessus. Tout en le regardant, elle ne va pas se mentir, elle l'avait repérè des la première journée, il était souriant, pourtant elle sentait qu'elle ne se devait pas de craquer pour lui au risque de souffrir !

Elle pose son regard sur moi et m'adresse un sourire attendrissant. Le son de sa voix est encore plus harmonieux que ce que je m'étais imaginé. Je me flagelle mentalement. Comment est-ce possible que le timbre de la voix d'une inconnue ait pu accaparer mes esprits la nuit dernière ? Je suis ridicule. D'abord, j'aurais dû ne pas l'aborder, puis continuer mon chemin de célibataire endurci sans faire trop de vagues. Mais je semble avoir choisi une autre direction: celle qui me mènera à ma propre perte. "Oui, je prendrais bien un café" dis-je en remplissant ma tasse de liquide chaud. Puis je vais m'asseoir près d'elle. Je prends une gorgée, essaie de me détendre, y arrive presque. J'ai l'impression d'être un adolescent lors de son premier rencard amoureux. Pourtant nous ne partageons rien de plus qu'un moment bénin entre deux collègues. J'espère qu'elle ne remarquera pas à quel point je suis intimidé par sa présence. J'imagine que mon côté distant et poker face doivent jouer en ma faveur. "Comment se passe ton arrivée dans la ville et au sein de l'université ? J'étais dans la même position que toi l'année dernière, alors n'hésite pas si tu as besoin de quoi que ce soit." Ça y est, elle va croire que je la drague et que je lui fais des propositions indécentes. Besoin de quoi que ce soit. Ça ressemble davantage à une invitation à venir me rejoindre pour un bain de minuit plutôt qu'à une simple formule de politesse. Bien joué Ed, maintenant elle risque de te confondre avec un obsédé sexuel. "Je veux dire, au niveau professionnel" ajoutais-je, presque maladroitement.